Inauguration de la Gendarmerie Paul Cabrol le 5 juin 2025
Le jeudi 5 juin a eu lieu l'inauguration de l'extension de la gendarmerie de Domène qui a été baptisée Gendarmerie Paul Cabrol.
l'Adjudant CABROL Paul,membre de la Compagnie Stéphane est mort à Bessans le 4 mai 1945 lors d'une opération de "déminage" après le départ de la Compagnie pour préparation au passage en Italie.
Etaient présents, le fils de Paul Cabrol, Guy, Ainsi que sa petite fille, Pauline, avec son conjoint et ses enfants.
De nombreux Officiels étaient également présents dont le maire de Domène, Chrystel Bayon, le Commandant du groupement de gendarmerie de l'Isère, Frédéric Massip, Le commandant de Communauté de brigade, Denis Vallet, le sénateur de l'Isère, Michel Savin, le directeur de cabinet du préfet de l'Isère, Afif Lazrak, le délégué Général adjoint du Souvenir Français, Philippe Rizzardi et le Président de l'association des Amis de la Compagnie Stéphane, David Billiemaz.
L'association était réprésentée par son Président David Billiemaz, Le Comte de Bernis qui a apporté le drapeau de la Compagnie Stéphane et Sylvain Campillo.
Discours de M. le Sénateur de l'Isère, Michel Savin
Je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui pour inaugurer l’agrandissement de la caserne de gendarmerie de Domène. Ce moment est plus qu’un acte symbolique : il marque l’attachement profond de notre territoire à la mission régalienne de sécurité, et la reconnaissance que nous devons à celles et ceux qui la font vivre chaque jour, avec courage et discrétion.
Lorsque la décision de construire une nouvelle caserne a été prise au début des années 2000, nous avions fait un choix structurant. Celui de construire et d’anticiper. Construire, en répondant non seulement aux besoins d’alors : en offrant de meilleurs conditions de travail et en construisant un parc de logements de qualité pour les gendarmes et leurs familles, mais aussi en anticipant les besoins à venir, en réservant l’espace nécessaire à une extension future. Cette vision de long terme porte aujourd’hui ses fruits.
Et cette prévoyance a permis à la commune de répondre efficacement à votre demande, face à l’évolution des effectifs, aux exigences opérationnelles de la gendarmerie, et au besoin de meilleurs conditions de vie pour les familles du personnel.
Je tiens à remercier Monsieur le Maire et l’ensemble du Conseil municipal d’avoir validé ce projet. Merci également à l’adjoint aux travaux, Alain V, et aux services techniques, qui ont suivi avec rigueur et attention chaque étape de ce chantier. Merci enfin aux bureaux d’études et aux entreprises, qui ont livré un ouvrage à la hauteur des attentes.
Cette caserne agrandie, c’est un investissement au service de votre mission. Car les Français, pour l’immense majorité, ont une image positive de la gendarmerie. Vous incarnez ce qui fait trop souvent défaut à notre démocratie : la proximité et la confiance.
Cette confiance, vous la devez à votre professionnalisme, et à la relation que vous entretenez avec la population. Vous êtes une force qui rassure, une force qui protège, une force qui écoute.
L’agrandissement de la caserne de Domène, quelques mois après la création au sein de la communauté de brigades de Domène d’une nouvelle brigade de gendarmerie à Saint-Martin d’Uriage, consolide le maillage du territoire et renforce les moyens d’interventions de la gendarmerie sur le secteur. A ce titre, je tiens également à remercier l’État d’avoir répondu favorablement à nos sollicitations, pour œuvrer concrètement à une politique de sécurité cohérente, adaptée aux réalités du terrain et aux attentes légitimes de nos concitoyens.
Nos compatriotes veulent de l’ordre et de la sécurité, une vie tranquille, dans nos territoires ruraux comme dans nos territoires urbains. Et je sais l’importance de la mission qui est la vôtre, en lien d’ailleurs très étroit avec l’ensemble de nos élus, nos maires, nos polices municipales et les différents acteurs de terrain. Mesdames et Messieurs, merci pour votre engagement de chaque jour.
Je ne voudrais pas conclure sans saluer un moment fort de cette journée : la décision de donner à cette caserne le nom de Paul Cabrol.
Paul Cabrol était un engagé volontaire, un résistant, gendarme à Domène pendant la guerre, il est tombé au champ d’honneur quelques jours avant la fin du conflit.
Nous saluons aujourd’hui, avec émotion et respect, sa mémoire et celle de sa famille.
Gendarmes de Domène, donner son nom à la caserne, c’est rappeler que la mission que vous portez s’inscrit dans une longue tradition d’engagement sans faille au service de la France. Et c’est une manière de dire, aussi, que l’histoire de nos institutions est faite d’hommes et de femmes qui ont choisi d’agir pour la sécurité et la liberté.
A toutes et tous, je souhaite que cette nouvelle étape dans la vie de la caserne soit une source de confort, d’efficacité, et de fierté. Qu’elle vous permette de continuer à exercer votre mission : mettre la force au service de la Loi, pour donner de la force à la Loi.
Merci pour votre engagement. Merci pour votre loyauté. Et longue vie à la caserne de Domène – désormais caserne Paul Cabrol..
Paul Cabrol, une vie de devoir et de résistance
Paul Cabrol naît le 8 juillet 1917 à Montpellier, benjamin d’une fratrie de trois enfants. Son père, chef de la gendarmerie locale, transmet à ses fils le sens du devoir : l’aîné deviendra gendarme en Afrique du Nord, tandis que Paul, après des études en tant qu’enfant de troupe à Saint-Hippolyte-du-Fort puis à Autun, choisit la voie militaire.
Volontaire, il s’engage au 75e Régiment d’Artillerie de Montagne, à Lyon, dans la caserne de la Doua. Il participe aux combats sur le front d’Alsace et se distingue en 1940 par sa bravoure, recevant la Médaille militaire avec étoile d’argent. Capturé près de Reims, il est interné au camp de Mailly, d’où il parvient à s’évader en traversant le Cher à la nage, près de Chablis.
De retour à Lyon, il se présente à l’État-major, où deux affectations lui sont proposées : l’Afrique du Nord ou Grenoble. Il opte pour l’Isère et rejoint le 2e Régiment d’Artillerie à la caserne de Bône. À la dissolution de l’armée d’armistice, sur les conseils de son père, il entre dans la gendarmerie et, après formation, est affecté à la brigade de Domène.
Dès 1942, il entre activement en résistance grâce à ses contacts avec le réseau Vauban, animé notamment par le préfet Reynier. Leurs rencontres se tiennent souvent sur la place de Domène, où des missions lui sont confiées, comme le sabotage de voies ferrées. L’adjudant-chef Aguillanin et Marius Charles, instituteur à Domène, servent alors d’intermédiaires.
En 1944, un capitaine de gendarmerie vient l’enjoindre de cesser ses activités clandestines. Paul Cabrol choisit de ne pas obéir : il s’évade par la fenêtre de son logement, armé, pour rejoindre le maquis et le capitaine Stéphane. Son épouse et leur fils doivent quitter le logement de fonction et sont accueillis chez Marius Charles, lui aussi désormais au maquis.
Paul Cabrol devient alors instructeur au sein de la compagnie Stéphane, responsable des munitions et du ravitaillement. Il participe à de nombreuses opérations, dont l’attaque du château d’Uriage.
À la Libération, il ne retourne pas à la brigade de Domène. Il continue le combat avec la compagnie Stéphane intégrée au 15e Bataillon de Chasseurs Alpins, jusqu’à la victoire finale sur la frontière italienne. Le 4 mai 1945, à Bessans, alors qu’il sécurise un secteur miné par les Allemands, révélés par la fonte des neiges, il est tué par l’explosion d’une grenade piégée.